top of page
rafisa

Le Bénin, qu'est-ce que je fais là ?

Dernière mise à jour : 2 sept. 2021

Un pays parfait pour découvrir l'Afrique ...


Pour une première immersion en Afrique, nous avons choisi le projet de fin d'étude d'infirmière, d'Isabelle, et tant qu'à y être, ce sera notre voyage de noces !

La claque ! c'est ce voyage. Il y en a un. Dans une vie de voyageur qui reste comme le voyage initiatique, le déroutant, celui où on perd ses repères...

Outre le premier choc du climat (juillet) chaud et humide, l'impression de respirer dans un bocal, les moustiques, les araignées, la poussière rouge, des bestioles inconnues au bataillon, le pays tout entier a été source de questionnement permanent.

La rue est source de tant d'images. Les baraques en tôle, les petits commerçants qui vendent de tout (huile de palme, essence, légumes, pharmacie, fringues...), mais habitent sur place avec toute leur famille. Les femmes qui portent sur la tête des paniers (avec des poules presque vivantes, des citrons, des mangues...), les hommes portent plutôt sur eux des serviettes de toilettes ou des lunettes... Les coiffeurs qui rasent avec des lames sans âge, les odeurs d'essence, d'égout, de pourriture, le bruit des voitures et des zeminjas (taxi moto), les klaxons (un vrai langage), l'Afrique avec un grand A dans toute sa démesure culturelle.

Nous prenons nos quartier dans une maison louée à Ouidah, proche de la place et de l'hôpital. Nous pouvons manger au restau de temps en temps : akassa, (pâte de maïs cuite à la vapeur) aloko (bananes frites) et ananas en dessert. Les autres repas du voyage auront lieu à la maison ou au bord du goudron dans des gargotes ou chez des vendeuses de beignets et de sandwichs à l'avocat. A la maison nous pouvons retrouver quelques saveurs de chez nous : des gambas grillés sans piment et sans des kilos d'oignons...

Une fois nous avons cuisiné des crabes de cocotier ramassés sur la plage en pleine nuit par notre chauffeur de taxi. La chasse se fait à la lueur des phares, le long de la piste qui mène au restau la côte sauvage. Nous y avons fêté notre mariage avec gambas, barracuda, riz, huîtres cuites et un vin blanc. Hallucinant dans ce coin paumé.

En prime je me verrai offrir un python !

- C'est cool c'est pour manger ? Style la fille qui n'a pas mangé depuis 10 jours.

- Euh ! non c'est un présent parce que c'est signe de fécondité.

- Ah merci.

Au bout d'une semaine nous ferons un don au temple des pythons... je ne pouvais plus le croiser sous la douche au frais ou contre nous dans le lit au chaud ! La plage de Ouidah est magnifique. Immense, avec des vagues énormes qui interdisent la baignade, frangée de palmiers et de cocotiers. Un dispensaire est installé sur cette plage en raison des villages de pêcheurs et de l'océan si dangereux, qui parfois les empêche de passer la barre.

Un soir nous faisons le plein d'essence pour aller à un mariage. Le prétendant doit montrer aux parents qu'il peut subvenir aux besoins de sa femme, il leur fait donc des cadeaux (cigarettes, alcool,...) le mariage aura lieu quand les parents auront accepté et selon la religion à la mosquée ou à l'église.. Après la cérémonie il y a un repas où selon les moyens de la famille les invités mangent assis ou debout. Les mariés coupent le gâteau à deux en coupant bien droit pour avoir une longue vie tranquille. Puis viennent les cadeaux apportés par chaque invité. Les mariés remercient les invités d'être venus chez eux pendant 3 jours.

Nous passons le week end à Ganvié, village lacustre construit sur pilotis au milieu d'un lac. Les habitants s'étaient réfugiés là pour échapper aux rois esclavagistes. Depuis ils ont développé la pêche, la pisciculture de tilapia (pour nous un poisson presque immangeable à cause de sa petite taille et du nombre hallucinant d'arrêtes). La vie est paisible mais aussi coupée de tout par l'obligation de rejoindre le village à la voile dans de petites pirogues. et quand le vent n'est pas de la partie comme pour notre retour... il faut ramer.

Porto Novo la capitale du pays, contrairement à ce que l'on croit, Cotonou étant la capitale économique. Porto Novo est une ville au charme désuet entre maison en pisé, d'autres en dur où les dessins vaudou sur les murs inquiètent un peu le visiteur. Elle se niche entre la palmeraie, la mangrove et la plage. Le musée de l'ethnographie est sympa à visiter de même que le palais royal du roi Toffa, qui reçoit ses visiteurs chaleureusement mais conformément au protocole.

La pause noix de coco fraîche est la

bienvenue après une balade dans la mangrove. Nous ferons une pause à Possotomé, lieu de la seule source d'eau minérale du pays, au bord du lac Oumémé. Sur la route nous nous arrêtons manger de l'agouti (sorte de ragondin en plus petit) avec la sauce dja (goût poisson)

- Est-il possible de faire rentrer 13 personnes dans une 504 break ?

- oui, oui, bien sûr pas de problème ! 4 devant, 5 derrière, 3 dans l'espace break, 1 dans le coffre.

Toutefois il est également possible d'en rajouter 1 sur le toit (que j'avais complètement oublié avant qu'il toque pour descendre) et une chèvre pour tenir compagnie à celui qui est dans le coffre, et quelques poules si tu insistes. Pas très confort (surtout au vu de l'état de la voiture, courroie en pneu recyclé, fauteuils défoncés, pas de suspensions...) mais efficace. Je comprendrais mieux après cette expérience, pourquoi lors d'un accident de deux voitures nous avions 30 blessés dans la cour de l'hôpital.

Il faut que je vous parle un peu de Ouidha la ville où nous louons une maison. Une ville proche de la plage qui a eu une importance majeure dans le trafic des esclaves. On peut passer dans cette ville sans même se rendre compte de cette importance. Rien, à part la porte du non retour, sur la plage de Djebadji, après la route des esclaves, ne rappelle ces événements tragiques, contrairement à l'île de Gorée au Sénégal par exemple. Pendant près de six siècles -quatre officiellement, des millions d'esclaves ont emprunté cette route, qui traverse la lagune. Cinq millions, selon certains. Dix millions, affirment les autres.

Le Bénin est considéré comme le berceau du Vaudou, originaire du royaume de Dahomey (actuels Togo et Bénin) et Ouidah en est la ville "sainte". Ouidah dernière ville et dernière culture que rencontraient les esclaves de toute l'Afrique. Ils se raccrochaient à la dernière croyance pratiquée avant d'être embarqués de force pour un bien triste voyage...

La majorité des béninois sont croyants. Ils sont chrétiens, musulmans, protestants... mais tous ceux que nous avons rencontré croyaient ou craignaient le Vaudou. Le culte du Vaudou, entre animisme et chamanisme, est le culte de l'invisible et des esprits de la nature, s'est exporté en Louisiane, au Brésil, en Haïti, pour compter aujourd'hui 50 millions de membres à travers le monde.. Des cérémonies vaudou sont organisés pour remercier des divinités par exemple dans la cas d'une guérison. Le rituel consiste dans ce cas à sacrifier des animaux : moutons pour le plus fortunés ou poulet mais aussi chat, chien... Le sacrifice a un sens très précis dans le culte Vaudou : il s'agit d'ôter la vie d'un animal pour se la réserver. La forêt sacrée de Ouidha où sont exposées des sculptures d’artistes contemporains. Mais les véritables objets de cultes sont les arbres dont deux majestueux Cola Gigantea. L’un est un ancien Roi de Ouidah. L’autre est le sujet principal d’un miracle qui aurait eu lieu en 1988. Cette année-là, il y eut à Ouidah une grande tempête qui déracina plusieurs arbres. Ce Cola gigantea n’avait pas été épargné, et les habitants décidèrent de le débiter afin de libérer la passage vers le monastère. Alors qu’ils arrivaient à la fin de leur tâche, ils s’endormirent soudainement. A leur réveil, l’arbre était de nouveau enraciné! Nous avons assisté à plusieurs cérémonies de désenvoutement, de guérison, une fois pour retrouver nos chaussures volées dans le jardin... tout est prétexte à cérémonie ou à consultation. Par respect nous n'avons pas pris de photos ni de film, même le jour ou un Egun (revenant) s'est promené dans la ville effrayant femmes et enfants.

Départ en train vers le nord (Natitingou et Parakou).

Nous logeons à la cité U de Parakou, où des enfants viennent jouer avec nous, Raphaël leur faisant des avions en papier. C'est une ville mieux structurée que celles que nous avons vu pour l'instant. Il y a des trottoirs, des panneaux de signalisation, des carrefours aménagés... Raphaël pourra même rencontrer le directeur de l'urbanisme avec la présentation du PDG équivalent de notre POS, puis il est allé suivre une équipe de travail de l'IGN Bénin. Le soir nous trouvons une gargote l'albatos tenue par un Guinéen et sa femme, où il y a du steak frites (bonheur intense), qui nous change de l'igname pilée avec sauce. Nous goûtons à la bière de mil dans des immenses calebasses, pour terminer la soirée.

Galère de route : Nous voulons aller à Natitingou, et faire un tour dans les village dont les Tata somba. Nous cherchons un taxi, négocions les tarifs... pendant une soirée. Ok nous faisons affaire. Le lendemain la voiture est en panne nous cherchons un autre taxi, plus cher bien évidement. Négociations, encore et encore... Nous finissons par trouver notre chauffeur. Départ enfin ! Arrivé à Djougou, contrôle d'identité, de papiers... Problème : notre chauffeur n'a pas la permis et injurie le policier, donc amende de 9000 CFA. Cette journée commence vraiment mal... et comme on est en Afrique il n'y a aucune raison pour que ça s'arrange. Le chauffeur n'a pas d'argent pour payer. Il nous en demande, nous refusons en disant que nous avions payé 10000 CFA d'avance qu'il devait s'en servir. Énervé, il paye, reste 70 kms. 35kms après le taxi tombe en panne au bord du goudron, au milieu de rien. Petite explosion de colère ! Le chauffeur saute dans un camion en marche et nous laisse là en plan ! Super ! Mais la chance finit par revenir... et une voiture de Français passe par là. Ils prennent Raphaël en stop jusqu'à Djougou, où il trouve un autre taxi et récupère Isa toujours assise sous un manguier dans un petit village où toute discussion est impossible car nous ne parlons pas la même langue ! Nous arriverons enfin à Natintingou. Et là, le chauffeur renégocie le tarif ! Raphaël d'un naturel calme et patient explose, lui donne l'argent dans la main et s'en va furieux pendant que le chauffeur râle... raf en tombera dans un fossé de rage ! Pour finir la journée, en raison des travaux pour la route, il n'y a pas d'eau dans l'hôtel. Pas grave il commence à pleuvoir, on se lavera dehors.

Nous découvrons les Tata vers Boukoumbé. Ces habitations en pisé où les bêtes sont parquées au RDC. C'est à cet étage que l'on fait la cuisine, que l'on stocke quelques trucs (combustibles, huile...). A l'entrée des fétiches pour les sacrifices et des colliers au dessus de la porte avec des crânes d'animaux pour chasser les mauvais esprits, protéger la maison. L'intérieur est extrêmement sombre et une forte odeur se dégage. La suie mélangée à des herbes entrain de sécher, plus l'odeur des excréments et des animaux. A l'étage, sur les toits, les chambres au toit plat et les greniers au toits pointus recouverts de paille . Au milieu de paysages magnifiques, verdoyants. Baobab, manguiers, culture de mil...

Nous passerons l’après-midi à Tanguiéta au bord des cascades, avant notre retour à Natitingou. Notre voyage continuera vers Ouidha ... un autre article vous raconte la partie stage infirmier, à l'hôpital, en Centre Communal de Santé, dans les villages reculés, une épidémie de choléra...



80 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page