Nous repartons pour Marmaris en profitant des dernières criques entre les pins. Nous voulons trouver un bateau pour Rhodes et cela nous prendra une heure de recherche pour trouver la bonne marina et la bonne adresse. Il y a un bateau par semaine le jeudi mais pour faire Rhodes-Crète pour l'instant pas d'info. Nous quitterons Marmaris pour Dalyan et la plage d'Istuzu. Dalyan garde un côté sympathique malgré les hordes de touristes. Le village est assez petit, l'absence de grands immeubles,le canal et les tombeaux Lyciens (porte taillée dans le roc un peu comme à Pétra) éclairés la nuit, lui donne un air de bourgade.
Mais qui sont ces Lyciens dont nous entendons parler depuis peu? L'ancienne Lycie s'étendait le long de la côte méditerranéenne entre Köycegiz et Antalya. C'est un peuple matrilinéaire utilisant une langue originale, les Lyciens avaient constitué des cité-Etats. Vers le VI è siècle av J-C, les Perses leur imposèrent une domination, puis les Athéniens les chassèrent. Vinrent ensuite les Perses, Alexandre le Grand, les Ptolémées, les Romains, les Rhodiens...a cette période les Lyciens utilisèrent le grec comme langue. Puis la lycie fût donné aux Romains. La lycie ne retrouva jamais son indépendance et subit par la suite les invasions arabes et turques. Les vestiges les plus impressionnants sont les sarcophages et les entrées de tombeaux qui parsèment la côte méditerranéenne.
Le lendemain nous prendrons un bain à la plage d'Istuzu, qui parait-il est protégée par le WWF car c'est le lieu de ponte des tortues caretta caretta (tortues caouane). C'est un grand reptile à tête plate a la carapace brun rougeâtre et au ventre jaune-orangé. Elle peut peser jusqu’à 130 kg. De mai à septembre elle vient pondre (70 à 120 œufs de la taille d'une balle de ping pong) la nuit dans le sable. Les œufs incubent dans le sable de 50 à 65 jours. Comme chez les crocodiles c'est la température qui détermine le sexe des petits : mâles en dessous de 30° et femelles au dessus. Le WWF tente donc de les protéger. Il ne faut pas mettre sa serviette au delà des poteaux de bois car c'est leur lieu de ponte. Il est possible de marcher mais pas de prendre des bains de soleil. Nous sommes au mois de septembre et les touristes se mettent n'importe où, nous nous demandons ce que ça donne en plein été. La Turquie est leur dernier lieu de reproduction et nous nous demandons si elles vont survivre encore longtemps à ce traitement, de plus les autres plages où elles se reproduisent sont jonchées de sacs plastique. Il y a plus de détritus dans l'eau (bouteilles, sacs, bouchons...) que de poissons. Nous avons souvent la triste impression que la mer est une mer morte, sans vie aquatique.
Nous faisons une pause à Fethiye pour nous ravitailler au marché, avant d'aller aux gorges de Saklikent pour une petite randonnée.
Nous passerons une agréable soirée sous les oliviers. Le patron du restaurant viendra nous apporter du pain tout chaud avec du beurre pour agrémenter notre salade de tomates.
Grâce a un détour à la Raf nous nous retrouvons sur un terre plein pour le repas de midi. Dix minutes après une mobylette s’arrête. -Bonjour ! -Bonjour ! -Vous étes français ? -oui -Vous allez où..... Une conversation un peu surréaliste s'engage, nous assis devant notre poulet, et Adem sur sa mobylette. Nous lui proposons un morceaux de poulet. Aïe, il fait Ramadan. Il nous raconte son travail, nous fellicite pour notre voyage, jette un coup d'oeil dans notre maison à roulette puis repart. Nous sommes entrain de tout ranger pour partir quand il revient. - c'est encore moi ! - Oui ? - Je vous invite a manger chez moi ce soir, ça me fait plaisir, si ça vous dit de manger un repas turc dans une famille, je serais très heureux. - euh ! et bien euh ! aprés une petıte réflexion nous acceptons son invitation. - Nous nous retrouverons ce soir a mon magasin, suivez moi je vous montre où il est. Et nous voilà sur la route derrière une mobylette, à revenir sur nos pas dans Féthiye pour aller au magasin. Le RDV est pris pour 19h. Lunagaïa est ravie, elle adore aller chez les gens (petite curieuse), pour voir "comment c'est". - ouais super, je suis sûre que ça va être super beau !
Mathis lui répond :
- oui moi j'espère qu'il y a des enfants pour pouvoir jouer. Nous aimons nous perdre pour ces raisons là. Les enfants commencent à goûter l'essentiel d'un voyage. C'est vrai que la plage, les paysages, c'est bien, mais la rencontre fait briller leurs yeux. Après Héléna, Folklore, Brandan et Swan, les français que nous avons croisés sur notre route, l'accueil si chaleureux de Kalina et de Nicolaï, nous voilà invités par Adem. Ils commencent à comprendre pourquoi nous aimons tant les voyages ! Notre "programme" se retrouve changé, nous n'irons pas aujourd'hui à Kalkan. Nous décidons donc d'aller à la plage de Oludeniz (où nous ne voulions pas aller à cause du nombre impressionnant de touristes). Nous trouvons finalement un parking gratuit avec en contre bas une plage quasi déserte. Les enfants adorent. Une longue plage de sable entourée de montagnes (Mont Baba) couvertes de végétation. L'eau est turquoise, et il y a des vagues. Jusqu'à présent nous avions trouvé que des plages où l'eau était calme et où les enfants avaient pied loin. Aujourd'hui il y a des vagues et à 2m de la plage il n'ont plus pied. Ils se jettent à l'eau et Lunagaïa boit la tasse quelques fois avant de bien vouloir mettre les brassards. Mathis sort masque et tuba et plonge, car il y a de beaux petits poissons verts et bleus. Ils jouent ensuite dans les vagues comme des fous. Ils trouveront même deux anglaises avec qui faire des châteaux de sable. Mathis est tout heureux de leur dire -My name is Mathis, and you ? -How old are you ? I'm 7. -I'm 6 and my sister, 4. -I'm french.
Enfin une leçon qui a servi à quelque chose ! Après la plage nous passons 3/4 h à faire des maths, pas facile la leçon d'aujourd'hui. Apprendre à compter en allant toujours à la dizaine supérieure. Nous irons ensuite faire quelques courses, pour nous mais aussi pour Adem et sa famille. Mais que prendre pour des personnes que l'on ne connait pas, on ne sait même pas s'ils ont des enfants ! Nous achèterons des feutres, des chocolats,... A 19h pétantes nous sommes devant le magasin de Ademe. Il nous rejoint et nous le suivons sur une route étroite à travers champs pour arriver dans une cour entourée de 4 maisons. Une où vit sa sœur, une autre pour son frère, une pour la maman et enfin la sienne. Nous entrons dans une petite maison au sol de béton recouvert de tapis. Une petite chambre avec un lit pour les enfants, une fille de 10 ans et un garçon de 6 ans. La maman, Fatma nous fait entrer dans le salon, pendant qu'Ademe repart livrer une bouteille de gaz. Nous attendons son retour, pour installer une couverture au sol. Ils attendent l'heure pour rompre le jeûne. Fatma apporte alors des plats, des couverts, de l'eau, des bols...Nous nous retrouvons tous assis par terre avec un morceau de nappe sur les genoux. Une soupe pour réhabituer l'estomac à travailler, et surtout pour se réhydrater. Un poulet délicieux avec oignons, poivrons, tomates, riz... les enfants se régalent . Une salade et de grands verres d'eau ponctuent ce délicieux repas. Entre temps, curiosité oblige, voilà les voisins, ils partageront la fin du dîner avec nous. Nous débarrassons pendant qu'Ademe montre à raf sa collection de pièces, de vieux vinyles où Samantha fox a une place de choix.
Nous leur montrons sur l'ordinateur des photos de la maison et de la famille, au milieu se glisse des images de Cuba, Fatma veut partir avec nous...Ils n'ont que 3 jours de vacances par an après le ramadan, alors nous qui faisons un voyage de 6 mois...ça les interpellent. Les enfants jouent quand Fatma apporte le tchai avec des gâteaux au miel... ils accourent alors et mange devant la télévision. Ah quel bonheur de retrouver la boîte à images. James Bond en turc, ça ne les dérange pas...pour nous par contre Sean Connery parlant turc...moyen. Les fruits arrivent alors (pommes, raisins)...les enfants sont épuisés et somnolent sur le canapé, pendant que les adultes discutent de la vie, en Turquie, en France, de nos voyages, de leurs envies, de l'école des enfants....Nous irons nous coucher épuisés mais heureux de cette rencontre si riche. Nous prenons encore une leçon d'hospitalité, de simplicité et de bonheur simple. Nous espérons que ces leçons de vie ouvriront l'esprit et donneront à nos enfants toute l'importance du mot accueil. Nos hôtes se lèvent à 4h du matin pour manger avant le lever du soleil, ils ont pitié de nous et nous donne RDV à 7h pour le 2 ème petit déjeuner, le notre. Ademe tape à la porte à 6h45, encore une nuit sans dormir à cause du coq, du chien...le réveil est difficile. Les enfants de bonne grâce se lèvent et préparent des jouets à donner aux copains. Nous sommes donc de nouveau assis dans le salon à manger du pain de la confiture de raisins absolument délicieuse, des œufs durs, du concombre, du fromage, des olives, et évidement du thé. A moitié endormis les enfants mangent un œuf, un peu de pain, un verre de thé...
Nous partirons avant 8h car Ademe va travailler, Fatma étant déjà au travail (dans une fabrique de fromage) depuis 7h du matin. Sibelle prend le bus pour l'école à 7h45. Les enfants ont juste le temps d'offrir quelques cadeaux un bracelet avec une pierre bleue pour Sibelle, une voiture et une girafe en plastique pour Semi. Il dort encore, nous laisserons les jouets devant lui pour on réveil. Nous repartirons avec des olives, du fromage de l'ayran, des petits cadeaux pour les enfants. Ademe offre un DVD de spiderman à Mathis ravi même s'il est en anglais. Raf donne les billets et les pièces qu'il nous reste des précédents pays visité, et Ademe lui donne toute la monnaie grecque qu'il possède. Nous sommes heureux de cette rencontre si chaleureuse, et si sympathique. Nous revoilà donc sur la route bien plus tôt que d'habitude. Nous ferons la route jusqu'à Uçagiz pour louer un bateau et aller se balader sur l'île de Kekova, et admirer les tombeaux lyciens dont le sarcophage à moitié immergé dans la baie de Kalekoy.
Les enfants seront enchantés de plonger parmi les ruines de la cité engloutie (voir aventure), où un banc de petits poissons nous accueille pour la plus grande joie de Mathis et de Lunagaïa qui hurle toujours dans son tuba à chaque fois qu'elle voit un poisson. Elle arrive à nous exploser les tympans même sous l'eau. Nous sommes tous épuisés mais heureux de ces 2 dernières journées, il n'y aura pas d'école aujourd'hui mais une sieste au bord de la plage d'Andriake.
Nous repartirons pour la plage d'Adrasan vers Olimpos. Une bonne nuit de sommeil nous fait le plus grand bien. Nous ferons une grande leçon de français le lendemain avec une longue pause baignade dans les vagues, avant de reprendre les math, les AM étant consacrées à l'anglais et à la découverte du monde.
Nous arriverons le soir sur le site de Chimarea .
La plage de Cirali nous accueillera pour la nuit où comme le dit Mathis "Zeus nous offrira un superbe feu d'artifice", un énorme orage sur la mer, mais pour nous pas une seule goutte. Le lendemain nous visitons le site de Phaselis, ancien grand port lycien. Le site est très beau au milieu des pins maritimes, les 3 baies sont calmes protégées et la plage est propre. L'ancien aqueduc est très bien conservé de même que le théâtre, les bains romains un peu moins mais cela nous donne l'occasion de discuter avec les enfants sur la salle de bain. Pour eux il est évident que tous le monde en possède une. Nous expliquons que les Romains allaient au bain pour se laver en l’absence de salle d'eau chez eux. Ils trouvent ça très bizarre mais en fait sympathique d'aller prendre son bain en discutant avec les gens du village. Nous rencontrons Ali, un chauffeur de bus très intrigué par notre maison à roulette. Nous lui proposons de boire un café avec nous, nous discutons un moment avant que son groupe de touristes ne revienne. Il offre de petit nazar boncuk aux enfants, et nous laisse son numéro de téléphone pour nous accueillir à Side.
Nous roulons jusqu'à Antalya où un parking au bord de la marina nous accueille. Antalya représente tout ce que nous détestons du tourisme. Une vielle ville qui a perdue son âme en la vendant aux touristes. Les maisons sont certes rénovées mais transformées en boutiques de tapis, de souvenirs, de cartes postales, en restaurants et cafés...Les rares habitants attendent eux, une hypothétique rénovation. Des hordes de touristes déferlent dans les rues toute la journée et les rabatteurs essayent d'en amener le plus possible dans leur restaurant... Le soir les restaurants frémissent au son d'une musique assourdissante et de piètre qualité. Bref nous repartirons le lendemain matin sous une pluie battante. Nous ferons 300 kms pour essayer de trouver un peu de soleil sous des trombes d'eau. Les routes se transforment en rivière et l'eau rentre par les portières du camping car. Nous sommes obligés de les vider de temps en temps. Nous n'y voyons pas à 10m, et des torrents de boue coulent dans tous les sens. Et bien la saint Mathis est bien arrosée ! nous ferons une pause au restaurant, histoire de sortir un peu et de fêter notre petit garçon comme il se doit. Nous trouvons une gargote bien sympathique où le repas est délicieux et très copieux. La patronne nous offre le dessert, et nous nous réchauffons avec un bon thé turc. Nous repartirons toujours sous la pluie, les enfants en pyjama, devant un DVD, comme à la maison un dimanche pluvieux. Nous nous arrêterons à Anamur pour visiter le château.
L'heure tardive et une éclaircie nous permet une visite au coucher du soleil et seuls. Les enfants courent dans tous les sens pour se défouler, grimpent dans les tours, descendent les escaliers en colimaçon, suivent le chemin de garde.
Mère nature nous gratifie d'un magnifique arc-en-ciel sur la mer, qui se couvre d'or au fur et à mesure que le soleil descend. Mathis avalera d'énormes crêpes chocolat banane pour sa fête, Lunagaïa elle, les préfère au sucre glace.
Au moment de l'histoire "du marais qui pue", des enfants jouent autour du camping car et jettent un pétard sous Mano dans un grand boum ! Tout le monde sursaute les enfants sont inquiets, Raph sort pour des explications. Les enfants vifs comme l'éclair et connaissant le château comme leur poche s'envolent comme des moineaux. Nous les verrons passer avec leur pères sortant de la mosquée... La nuit sera tout de même calme.