La route nous menant à Silifke puis Mersin est vraiment très belle, à flanc de falaise, entre les pins et les plantations de bananiers. Nous achetons des régimes entiers de petites bananes absolument délicieuses (mamie Monique serait ravie). Nous passons la nuit au bord de l'eau face à un château au milieu de la mer. Les vagues viennent se fracasser sur les rochers qui l'entourent et le coucher de soleil est splendide. Les enfants ont une immense plage de sable pour eux seuls, une eau à 28°, le bonheur. Isa reste couchée dans mano terrassée par une migraine qui ne cède pas depuis 3 jours. La bouteille de gaz nous laisse juste le temps de cuire des pâtes avant de nous lâcher, la vilaine.
Le lendemain, pas de café, horreur totale ! Nous trouvons un vendeur de gaz et comme raf est fatigué et qu'isa est toujours dans un sale état, nous décidons d'acheter une nouvelle bouteille. Heureusement elles sont compatibles avec notre lyre. Nous prenons la direction de la Capadocce. Les paysages sont grandioses. Les montagnes du Taurus sont impressionnantes, avec des pins maritimes qui cèdent la place petit à petit aux pins d'Alep, puis aux falaises de calcaires. Nous regardons au loin la Syrie avec un peu d'envie, mais non, nous n'avons pas le temps, la prochaine fois ! La route nous mène jusqu'au village de Dérinkuyu.
Il est suffisamment tôt pour que nous puissions visiter la ville souterraine. Cette cité impressionne beaucoup les enfants qui jouent à cache cache dans les petites pièces et les couloirs étroits où les adultes ne peuvent passer que pliés en deux. La ville pouvait abriter plus de 10 000 personnes sur plusieurs étages. Nous ne pouvons en visiter que 8 ce qui représente moins de 30% de la cité. Il existe plus de 52 cheminées d'aération pour ventiler les 85m de profondeur. Au premier étage il y avait les étables avec mangeoires, abreuvoirs, les pressoirs, une salle d'étude...Plus bas nous découvrons les habitations, les cuisines, les greniers avec des jarres... Au 7 ème étage nous découvrons une église en forme de croix et au 8 ème étage il n'existe qu'une seule salle avec une cheminée d'aération de 56m de haut. L’intérieur est froid, les pièces sont petites et les couloirs très étroits. En cas d'attaque il est facile de viser une seule personne coincée dans un couloir, les assaillants ne pouvant ni entrer en groupe ni se retourner. De grosses "meules en pierre" servaient à obstruer les passages en cas d'intrusion. Il existerait même un tunnel de 10 kms menant à une autre ville souterraine (Kaymakli) mais il n'a pas encore était découvert. Avis aux amateurs d'archéologie !
Au réveil, surprise ! Nous avons un pneu bien dégonflé. Il faudrait trouver un réparateur au cas où il soit crevé. Nous sommes en train de faire l'école quand un "Pfffffff" nous fait sortir de Mano en courant. La valve du pneu de devant vient de céder. Et bien en fait nous avons deux pneus crevés. Nous balayons du regard la place sur laquelle nous avons passé la nuit et une belle enseigne "Pirelli-lastik" nous fait de l’œil. Ah ! les rafisamalu ont vraiment un ange gardien. Le patron arrive, démonte, fait les réparations sur nos 2 pneus, remonte le tout et nous revoilà sur la route en moins d' 1h.
Nous atteignons la vallée de Soganli. La route est belle et nous faisons une belle balade de 2h30 au milieu des habitations troglodytes. Des moines et des ermites bâtirent environ 60 églises et monastères taillés dans la roche. Nous sommes enchantés par cette promenade dans cette vallée encaissée, où doit couler une rivière (quand il pleut) car elle abrite beaucoup de peupliers. Les enfants sont impressionnés par ces maisons taillées dans le tuf (terrain volcanique très tendre) dont certaines ont perdue le toit, un escalier, un étage,...nous faisons un peu de grimpette ce qui ravit Lunagaïa. Nous déplorons par contre l'état dans lequel se trouve les fresques. Beaucoup de visiteurs viennent graver leur nom dessus ! Le peu qui reste est déjà en mauvais état, il n'est pas nécessaire d'en rajouter ! Le village est tranquille, mais commence a subir les assauts du tourisme de masse avec tous les inconvénients qui en découlent. Les quelques habitants vous interpellent pour vous vendre des poupées, du tissus...et le contact est différent. Le soir venu quand les bus sont partis, nous profitons tout de même du village où des ramasseurs de noix nous en offrent quelques unes. Les enfants qui n'ont jamais mangé de noix fraîches sont surpris par le goût, mais apprécient. Le patron du restaurant où nous avons mangé à midi nous donne de l'électricité et nous laisse la douche, bonheur intense d'une douche chaude. Et oui chaude car aujourd'hui il fait plutôt frais, Raph sortira même les couettes du top box, car la nuit dernière était vraiment fraîche. Mathis dort aussi dans son sac de "cousage" et Lunagaïa dans son "sac de viande"...bref nous passons une nuit très calme au pied des pigeonniers.
Le lendemain l'école sera un calvaire pour tout le monde. Mathis n'y met pas du sien et il faudra toute la patience de Raph, Isa ayant craquée, pour arriver au bout de la page de math. Nous roulons ensuite sur des routes désertes, au milieu de canyons et de champs arides jusqu'a la ville d'Urgup. Nous rencontrons Mustapha, vendeur de tapis, qui nous fera un cours sur le tissage, la broderie...nous en profitons pour acheter une bricole pour l'école, mais chut....surprise.
La ville nous plait moyennement pour passer la nuit nous prenons donc la route vers Avanos et nous nous arrêtons au pied des cheminées de fées dans la vallée de Drevent. Pour l'instant la Capadocce nous ravie de ses paysages lunaires, semi-désertiques, de ses maisons troglodytes, de ses petites vallées perdues. Mais la pluie nous rattrape.... La seule chose à faire quand il pleut c'est le marché, nous irons donc à Avanos pour faire des emplettes. Nous visitons un ancien caravansérail. Les enfants sont impressionnés par la grande salle où les marchands dormaient et les petites alcôves où l'on s'occupait des chameaux et des chevaux. Entre temps le soleil se lève et nous permet de faire une belle balade dans la vallée de Drévent, puis de Pasanbagi toujours au milieu des cheminées de fées.
Le lendemain la vallée de Zelve nous accueille pour une superbe balade. L'après-midi nous décidons de visiter Avanos, nous ne ferons que 50m à partir de la place. Isa trouve un potier qui parle français et après discussion les enfants essayent le tour, puis Hassam nous fait une démonstration. Nous restons longtemps à discuter, nous prenons RDV pour le lendemain pour qu'isa travaille avec lui, quand le ventre des enfants cria famine. Hassam nous amène alors chez le vendeur de Pide. Nous restons encore 1h à discuter avec le "pide-man" et avec tous les clients. Nous repartons avec une pide a la viande et du pain au sésame absolument délicieux. A la fin du repas raf a envie de rendre visite au barbier. Nous voilà donc chez Omer dit "Kubali" (l'homme aux pigeons), pour une coupe de cheveux entre père et fils et un petit rasage pour raf, pendant que Lunagaïa joue avec les canaris et qu'isa boit le thé (voir reportage ). Le lendemain isa retrouve Hassam pour une matinée bien épuisante. Et oui, elle teste "l'argilogym", ou comment faire du sport en faisant de la poterie avec un tour à pied. Pendant ce temps les enfants jouent dans la rue, font du vélo, viennent faire un peu de terre...
Le soir la vie s'arrête de 18h30 à 2Oh moment où les musulmans pratiquants peuvent manger. La ville s'assoupie alors un moment, c'est celui que nous choisissons pour travailler un peu avec Mathis et manger. Ensuite vient l'heure du travail pour raf et le site internet. Cela fait 3 jours que nous sommes à Avanos et nous n'avons toujours pas vu le bout de la place, alors nous décidons de faire le tour du village dans la soirée.
Ce soir c'est la fin de ramadan. Les commerces ferment plus tôt et la fête commence. Nous avions trouvé un instituteur parlant français mais à peine 15 jours après la rentrée les enfants sont de nouveau en vacances, la visite d'une école semble compromise...